03/08/2014

Un souvenir

Nous avons tous deux beaucoup bu, et nous voilà l'un en face de l'autre, dans un recoin de ce bar pierreux, crasseux. Nous ne sommes pas seuls mais c'est tout comme. Tes yeux brillent. Me trouves-tu belle, essaies-tu de te raisonner, imagines-tu tes lèvres sur ma nuque, tes mains sur ma taille ? Dans l'ambiance électrique je voudrais t'emmener au loin, te dire : chut, verrouiller mes mains dans ton dos, picorer ta bouche, picorer ton corps, me déclarer enfin. Tes pupilles se dilatent, regards encore. Mon cœur ne bat pas, mes oreilles n'entendent pas. J'observe juste tes lèvres, ton sourire narquois et étonné, et j'espère que tu te donnes simplement une contenance, que ta bouche ne se moque pas. Je me sens mal, je ne sais plus, je ne sais pas, ces sensations sont trop pour moi. Alors je me détourne, chancelante, ivre de tout. Je repars au milieu du bruit et des lumières, je brise la magie de cet instant déjà loin. Mais, si longtemps plus tard, j'en rêve encore parfois. Ça et frôler ta main dans le noir, sur la plage, t'abandonner la mienne, sentir que tu ne te détourneras pas.
Penses-tu parfois à moi, chinny boy ?